XV
Les projecteurs ouvraient devant lui un tunnel lumineux et doré dans lequel il s’engagea. Le vent des glaciers du nord, pénétrant jusqu’aux os, le mordit soudain, et il avança rapidement, suivi par les deux policiers. Eux aussi grelottaient, et tous trois se hâtèrent de gagner aussi vite que possible le bâtiment le plus proche.
La porte étanche du bâtiment se referma derrière eux, et la chaleur les assaillit. Ils s’arrêtèrent un instant, haletants. Les visages des policiers étaient affreusement rouges et enflés, pas autant peut-être à la suite des changements atmosphériques qu’à cause de leur tension d’esprit, comme s’ils avaient redouté d’être saisis et rejetés dehors.
Quatre membres de la KVD, police secrète soviétique, surgirent du néant, vêtus de complets en laine, démodés, d’avant la mode des combinaisons, de chaussures basses pointues, portant chacun une cravate tricotée. Ils semblaient s’être détachés littéralement, métaphysiquement, des murs de l’antichambre dans lequel Lars et les deux policiers des États-Unis du Bloc-Ouest reprenaient leur souffle.
Sans un mot, avec de lents gestes rituels sans tromperie, les policiers du Bloc-Ouest et de la police secrète soviétique échangèrent leurs documents d’identification. Chacun d’eux devait en porter sur lui deux ou trois kilos : cet échange de cartes, de portefeuilles et de clés bourdonnantes accordées aux ondes céphaliques, semblait devoir se poursuivre indéfiniment.
Et tous gardaient le silence, aucun d’eux ne levait les yeux. Toute leur attention était concentrée sur les documents qui établissaient leur identité.
Lars s’écarta, vit un distributeur automatique de chocolat chaud, y introduisit une pièce de monnaie et se retrouva bientôt, une tasse cartonnée à la main, buvant à petites gorgées, debout, très las, conscient qu’il avait vraiment mal à la tête et qu’il n’avait même pas pris la peine de se raser. Au fond de lui-même, il regretta l’aspect inférieur, inconvenant, vraiment lamentable, qui devait être le sien.
Quand les policiers du Bloc-Ouest eurent enfin terminé cet échange de matériel d’identification avec leurs collègues de Pip-Est, il dit d’un ton sarcastique :
— J’ai l’impression d’être une victime de la Gestapo. Tiré du lit, pas rasé et dans mes plus mauvais vêtements, ayant à affronter…
— Vous n’aurez pas à affronter un Reichsgericht, dit un policier de l’Est qui l’avait entendu.
Son anglais était d’une précision un peu artificielle, celle qu’on peut attendre d’un enregistrement éducatif audio-visuel. Lars pensa immédiatement aux robots, aux androïdes, à toutes les machines en général. C’était un présage de mauvais augure, se dit-il. Il se rappela que ce genre de débit, totalement plat, sans modulation, était souvent l’indice de certaines formes larvées de maladies mentales, en général de lésions au cerveau. Il réprima un grognement. Il savait maintenant ce que voulait dire T.S. Eliot : le monde ne finirait pas dans une explosion, mais dans un gémissement. Un gémissement, une plainte inaudible devant cet aspect mécanique de ceux dont il était désormais le prisonnier. Ce mot définissait exactement sa situation, que cela lui plût ou non.
Le Bloc-Ouest, pour des raisons qui naturellement lui échappaient et qu’il n’avait aucune possibilité de juger, avait accepté que sa rencontre avec Lilo Toptchev eut lieu sous la juridiction de l’Union soviétique. Peut-être était-ce la preuve du peu de confiance que le général Nitz et son entourage avaient en lui et en ce qui pouvait résulter de cette entrevue. Il s’adressa au policier soviétique :
— Je vous demande pardon, mais je ne parle pas l’allemand. Il va falloir que vous m’expliquiez.
Ou alors interroger Orville, là-bas, dans cet appartement d’un univers différent, maintenant perdu.
— Il est vrai que vous autres Américains ne connaissez aucune langue. Mais vous avez un bureau à Paris. Comment vous débrouillez-vous ?
— En ayant une maîtresse qui parle français, italien et russe, et qui est formidable au lit, ce que vous pouvez noter dans mon dossier. C’est elle qui dirige mon bureau de Paris.
Il se tourna vers les deux policiers des États-Unis qui l’avaient accompagné :
— Allez-vous me laisser ici ?
— Oui, monsieur Lars.
Dans leur réponse, il n’y avait aucune trace de mauvaise conscience ou même de simple intérêt. Un chœur grec exprimant un rejet total de responsabilité humaine ou morale. Pendant un instant, il demeura consterné. Et si les Soviets décidaient de le garder ? À qui le Bloc-Ouest s’adresserait-il pour obtenir des dessins d’armes nouvelles ? En partant du principe que l’invasion de l’atmosphère terrestre par des inconnus fût d’abord repoussée… Mais personne ne l’en croyait capable.
— Par ici, monsieur Lars.
Les quatre hommes de la KVB l’avaient entouré et il se retrouva au milieu d’eux sur un escalier roulant, puis dans une salle d’attente où des gens normaux, des hommes et des femmes, attendaient un départ ou une arrivée. Tout cela était étrange, pensa-t-il, un rêve.
— Puis-je acheter une revue ? demanda-t-il.
— Certainement.
Les quatre hommes l’accompagnèrent jusqu’à l’étalage et, comme des sociologues, le regardèrent faire son choix. La Bible ? pensa-t-il. Pourquoi pas l’autre bout de l’échelle ? Un livre de bandes dessinées comme celui-ci, en couleurs sinistres, bon marché : « L’homme-pieuvre bleu de Titan » ? Pour autant qu’il pouvait en juger, c’était la pire niaiserie qu’il y eût en vente. Il paya l’employé robot avec une pièce américaine. La machine le remercia de sa voix automatique, nasillarde.
Comme ils s’éloignaient, l’un des hommes de la KVB demanda :
— Lisez-vous normalement ce genre de littérature, monsieur Lars ?
— Je garde soigneusement toute la collection, depuis le Numéro Un.
Un sourire officiel lui répondit.
— … Et ça a beaucoup baissé, surtout au cours de la dernière année.
Il roula le magazine et le mit dans sa poche.
Plus tard, en survolant les toits de Fairfax dans un sauteur militaire du gouvernement de l’URRS, il jeta un coup d’œil sur cette bande dessinée à la lueur insuffisante de l’éclairage du plafond, juste au-dessus de sa tête.
Naturellement, il n’avait jamais jusqu’alors lu une telle idiotie. C’était atroce ! L’homme-pieuvre bleu, suivant une longue tradition toujours en honneur, faisait sauter des immeubles entiers, éliminait à jamais des escrocs, et à la fin de chaque épisode, reprenait son déguisement favori : il redevenait Jason St. James, employé des plus ternes chargé d’assurer le fonctionnement d’un ordinateur. Cela également était traditionnel, pour des raisons qui se perdaient dans l’obscur passé des bandes dessinées, mais qui avaient également rapport à la petite amie de Jason St. James, Nina Whitecotton, laquelle tenait une rubrique de cuisine pour gourmets dans le Chronicle Times de Monrovia, un journ mythique répandu soi-disant dans toute l’Afrique occidentale.
Autre détail intéressant : Nina Whitecotton était une négresse. Aussi noire d’ailleurs que tous les autres héros de la bande dessinée, y compris l’homme-pieuvre bleu quand il redevenait Jason St. James ! Et la ville de ses exploits était « une grande région métropolitaine quelque part au Ghana ».
Cette bande dessinée s’adressait donc à un public afro-asiatique. Par l’un des hasards du mécanisme distributeur autonome mondial, elle avait échoué en Islande.
Dans le second épisode, l’homme-pieuvre bleu se voyait temporairement privé de ses pouvoirs surnaturels par la présence d’un météore de zularium, métal rare « du système de Bételgeuse ». Et le dispositif électronique par lequel l’assistant de l’homme-pieuvre bleu, Harry North, professeur de physique à Kinshasa, lui redonnait sa puissance perdue juste à temps pour prendre la main dans le sac les monstres de « la quatrième planète de Proxima, Agakana », ce dispositif ressemblait à vous en couper le souffle à l’article 204, tiré d’un de ses dessins.
Dans le troisième épisode, le dernier du livre, Harry North intervenait une fois de plus à temps, avec une intelligence consommée, en utilisant une autre machine qui lui était familière, bien qu’il ne pût immédiatement lui assigner son numéro d’ordre. L’homme-pieuvre bleu triomphait une fois de plus, mais sur des êtres provenant de la sixième planète d’Orion. Heureusement, d’ailleurs, car ces êtres étaient particulièrement abominables : l’artiste s’était surpassé.
— Vous trouvez cela intéressant ? demanda l’un des policiers de la KVB.
Intéressant, pensa Lars, et comment ! L’écrivain et le dessinateur s’étaient certainement adressé à la KACH pour dérober quelques-unes de ses idées les plus originales au point de vue technologique. Peut-être pouvait-il soumettre cette affaire de vol aux tribunaux ?
Mais ce n’était pas le moment. Il remit le magazine dans sa poche.
Le sauteur atterrissait sur un toit. Le moteur cessa de tourner, et la porte s’ouvrit pour qu’il pût descendre. De la même voix neutre, avec le même vocabulaire précis, l’homme de la KVB s’adressa à lui :
— C’est un motel. Mlle Toptchev l’occupe en entier. Nous avons expulsé les autres clients et disposé des sentinelles pour assurer votre sécurité. Vous ne serez nullement dérangé.
— Vraiment ? Est-ce sûr ?
Son interlocuteur réfléchit, le temps de mettre sa phrase au point :
— Vous pouvez avoir de l’aide à n’importe quel moment. Et naturellement le service courant : sandwichs, café, liqueurs…
— Médicaments ? Drogues ?
Le policier le regarda. Comme lui, ses trois collègues contemplaient Lars, solennellement, avec des yeux ronds de hibou.
— … C’est que je prends des drogues. Je croyais que la KACH vous avait avertis. Et j’en prends toutes les heures.
— Quelles drogues ?
Le ton de l’homme était prudent, sinon soupçonneux :
— De l’escalatium.
Il était sûr de l’effet : ce fut une consternation générale.
— Mais, monsieur Lars. L’escalatium est un toxique cérébral. Vous n’auriez plus six mois à vivre !
— Je prends aussi de la Coniorizine, pour compenser cette toxicité métabolique. Je les mélange, je les écrase avec une cuiller à thé pour en faire une poudre que je fais dissoudre dans un précipité, lequel est une solution injectable…
— Mais monsieur, vous pouvez en mourir. De convulsions vasculaires-motrices ! En moins d’une demi-heure…
Les quatre policiers soviétiques avaient l’air épouvantés. Enfin l’un d’eux prit une décision :
— Nous allons faire venir immédiatement votre médecin du Bloc-Ouest, le Dr Todt. Il pourra surveiller le processus de vos piqûres. Nous ne pouvons assumer cette responsabilité. Est-ce que cette combinaison de stimulants est absolument indispensable pour que vous entriez en transe ?
— In-dis-pen-sa-ble !
Une fois de plus, ils conférèrent entre eux :
— Voulez-vous descendre, monsieur Lars ? Vous trouverez en bas Mlle Toptchev qui, à notre connaissance, n’utilise aucune drogue. Restez avec elle jusqu’à l’arrivée du Dr Todt et de vos deux médicaments.
Leurs regards étaient sévères ;
— … Vous auriez dû nous prévenir, ou amener avec vous vos drogues et le Dr Todt. Les autorités de l’Ouest ne nous ont pas informés.
Ils étaient vraiment fâchés.
— Entendu, dit-il en se dirigeant vers la rampe automatique.
Quelques instants plus tard, il se retrouva devant la porte de Mlle Toptchev, accompagné du policier qui parlait le mieux l’anglais. Il s’entendit soudain dire à voix haute :
— J’ai peur.
Le policier avait déjà frappé. Il se retourna pour dire d’un ton moqueur :
— Peur de confronter votre talent avec celui de notre médium, monsieur Lars ?
— Non…
Ce n’était pas cela. Il redoutait que Lilo fût telle que Kaminsky l’avait décrite : un sac d’ossements et de peau, desséchée, flétrie, noircie, comme le cuir d’un porte-monnaie mis au rebut. Consumée intérieurement, peut-être, par les exigences de leur profession commune. Dieu seul savait ce qu’elle avait dû endurer de la part de son « client ». Ils étaient beaucoup plus durs dans cette partie du monde, et depuis toujours. Cela explique peut-être la décision du général Nitz qui le plaçait ainsi sous l’autorité de Pip-Est, se dit-il : il sait qu’on peut me soumettre ici à des pressions plus fortes et il s’imagine que, dans ce cas, il se peut que je fonctionne mieux.
En d’autres mots, pensa-t-il lugubrement, depuis le début, je n’aurais jamais tout dit. Ici, sous la juridiction de la KVB, en présence de l’organisme supérieur de l’Union soviétique, le SeRKeb, tout serait différent. Le général Nitz faisait davantage confiance aux méthodes de Pip-Est pour lui arracher ses secrets, s’il en avait, qu’à celles de ses propres employés.
Mais c’est ce que je crois moi aussi, se dit-il soudain. La porte s’ouvrit, et il vit Lilo Toptchev. Elle portait un sweater en jersey noir, un pantalon et des sandales, ses cheveux rejetés en arrière étaient retenus par un ruban. Elle ne semblait pas avoir plus de dix-sept ou dix-huit ans. Sa silhouette était celle d’une adolescente qui n’a pas encore atteint sa maturité. D’une main, elle tenait un cigare, maladroitement, gauchement, pour avoir l’air d’une véritable adulte, pour les impressionner, lui et l’homme de la KVB. Cela aussi était manifeste. D’une voix voilée par l’émotion, Lars se présenta :
— Je suis Lars Powderdry.
Souriante, elle tendit la main, une main petite, douce, fraîche, qu’il eût pu écraser dans la sienne, et qu’il prit délicatement, avec une extrême déférence, avec l’impression qu’en la serrant maladroitement, il pouvait l’endommager à jamais.
Le policier le poussa littéralement dans la chambre. Puis la porte se referma derrière lui.
Il était seul avec Lilo Toptchev. Son rêve s’était réalisé.
— Voulez-vous une bière ? demanda-t-elle.
Ses dents étaient d’une régularité parfaite, minuscules et bien rangées. Le type nordique, absolument pas slave.
— Vous avez une bonne connaissance de l’anglais. Je me demandais comment ils allaient résoudre la barrière linguistique.
Il avait en effet redouté la présence d’un tiers, d’un interprète habile, toujours en retrait, mais entre eux.
— J’ai appris l’anglais à l’école.
— Est-ce possible ? Vous n’avez jamais été à l’Ouest ?
— Je n’étais jamais sortie de l’Union soviétique avant cette fois-ci. En fait, la plupart des régions de Pip-Est, surtout celles où domine la Chine, me sont interdites.
D’une démarche souple, elle gagna la kitchenette de la suite plus ou moins luxueuse d’un motel indiscutablement réservé aux cadres pour lui chercher une bouteille de bière. Mais à la porte, elle fit un geste pour attirer son attention et lui indiquer le mur, en face de lui, contre lequel elle s’était appuyée. Puis ses lèvres articulèrent, mais sans un son : micro.
Un dispositif audio-visuel les surveillait, naturellement. Comment pouvait-il en être autrement ? Il se rappela le livre d’Orwell, 1984, devenu un classique. Mais dans ce cas, nous savons que nous sommes surveillés et, théoriquement au moins, par nos bons amis. Nous sommes tous amis, maintenant. Sauf si l’on en croyait ce qu’avait dit Kaminsky : si nous ne parvenons pas à sauter à travers le cerceau enflammé, Lilo et moi, ces bons amis nous tueront.
Mais qui pouvait les en blâmer ? C’était une chose qu’Orwell n’avait pas prévu ; ils ont peut-être raison, et nous tort, n’est-ce pas ? Elle revint avec la bière :
— Je vous souhaite tout le bonheur possible, dit-elle en souriant. Sais-tu que je suis déjà amoureux de toi ? pensa-t-il.
Nous tueront-ils vraiment, pour cela ? Alors, que Dieu les aide ! Parce que toute leur civilisation et eux tous, à l’Est comme à l’Ouest, ne valent vraiment pas la peine d’être sauvés.
— … Qu’est-ce que c’est que cette histoire de drogues ? J’ai entendu des bribes de votre conversation sur le toit, avec les policiers. Est-ce vrai, ou vous amusiez-vous à compliquer leur tâche ?
— C’est vrai, répondit Lars.
— Je n’ai pas saisi le nom des drogues. J’avais pourtant ouvert la porte pour mieux entendre.
— Escalatium.
— Oh non !
— Et la coniorizine. Je les mélange…
— Oui, ça j’ai entendu. Vous vous les injectez en piqûres. Vraiment ? J’ai cru que vous disiez cela pour les embêter.
Elle le regardait avec une expression très digne, mais avec un certain amusement. Aucune désapprobation, aucune surprise horrifiée chez elle, rien de l’indignation morale de l’homme de la KVB, qui inévitablement était simple d’esprit. Chez elle, c’était presque de l’admiration. Lars enchaîna :
— Si bien que je ne peux rien faire jusqu’à ce qu’arrive mon médecin. Si ce n’est…
Il s’assit sur un siège noir en fer forgé.
— … attendre en buvant de la bière. Et en te regardant.
— Moi aussi, je prends des drogues.
— Ils m’ont affirmé le contraire.
— Ce qu’ils disent ou savent, c’est ce que voit un ver qui chemine dans un tas de fumier…
Elle se tourna vers l’espion audio-visuel dissimulé dans le mur :
— … Et cela vaut également pour vous, Guéchenko !
— Qui est-ce ?
— Le commandant du service de renseignements de l’Armée Rouge qui commande spécialement l’équipe de surveillance de la KVB. C’est lui qui étudiera l’enregistrement de ce que nous faisons et disons maintenant, vous et moi, n’est-ce pas vrai, commandant ? dit-elle en se tournant vers le mur.
Puis, faisant de nouveau face à Lars, elle expliqua calmement :
— … Voyez-vous j’ai été condamnée. Lars la regarda :
— Vous voulez dire que vous avez commis un crime, un crime légal, bien défini, – et que vous avez été jugée…
— Jugée et condamnée. Tout cela en tant que pseudo… Je ne sais pas comment l’appeler. Par un mécanisme ; oui, c’est cela, par un mécanisme. Par lequel je suis en ce moment, légalement, en dépit de toutes les garanties civiles et politiques de la Constitution, une personne qui n’a plus aucun recours. Tous les tribunaux soviétiques me sont fermés. Aucun juriste ne peut rien pour moi. Je ne suis pas comme vous. Je sais ce que vous êtes, Lars, ou M. Lars, ou M. Powderdry, quel que soit le nom que vous préfériez. Je sais comment on vous traite dans le Bloc-Ouest. J’envie depuis des années votre position, votre liberté, votre indépendance !
— Croyez-vous que je puisse leur dire leurs quatre vérités quand ça me chante ?
— Oui. J’en suis sûre. La KACH me l’a dit. J’ai obtenu des renseignements sur vous, en dépit de ces gens qui vivent plongés dans leur tas de fumier, comme Guéchenko.
— La KACH vous a menti, Lilo.